Énergie : les Français passent à la caisse - L'intégrale -
C dans l'air du 25 janvier 2025 - Énergie : les Français passent à la caisseLe prix du gaz s'envole : + 4,8 % en janvier après plusieurs hausses, déjà, en octobre et juillet dernier... Avec le froid, les Français se chauffent davantage et les stocks ont diminué. L'autre explication réside dans la décision de l'Ukraine de mettre fin au transit du gaz russe à travers son territoire, marquant une rupture énergétique décisive avec Moscou. Conséquence directe : les Européens - dont le tiers du gaz acheté à la Russie passe par cette voie - ont perdu près de 15 milliards de mètres de cube de gaz, soit près de 5% de la consommation de l'Union européenne. De quoi inquiéter jusqu'au PDG de Total énergies, Patrick Pouyanné, qui a demandé jeudi à Davos au président américain Donald Trump des garanties sur la sécurité des approvisionnements de l’Europe en gaz naturel liquéfié américain... dont TotalEnergies est le principal exportateur.Dans le même temps, les ventes de chaudières à gaz ont augmenté de 15% depuis le début de l'année, selon le Syndicat des industries thermiques, aérauliques et frigorifiques. Le gouvernement a bien tenté de décourager l'installation de ce dispositif, très émetteur en CO2, en l'interdisant dans les maisons individuelles neuves. Mais les résultats se font encore attendre : les Français rechignent à passer aux pompes à chaleur, jugées trop couteuses et moins fiables, et dont les ventes se sont effondrées de 30% en 2024. Rare embellie en ce début d'année, la Commission de l'énergie a annoncé une baisse de 15% des tarifs réglementés de l'électricité au 1er février pour 24 millions de ménages. Et ce malgré la fin du bouclier énergétique mis en place par le gouvernement en 2021. De leur côté, les constructeurs automobiles ont commencé l'année avec une avalanche de mauvaises nouvelles. Les ventes de véhicules neufs, électriques comme thermiques, ont diminué de 3,2 % en 2024. L'industrie se porte mal et les plans sociaux se multiplient : Michelin a annoncé la fermeture de deux usines tandis que Valeo prévoit de supprimer près de 1 000 postes sur huit sites français. Le désamour des Français se concentre essentiellement sur les voitures électriques, dont le prix est jugé prohibitif. Selon AAA Data, les immatriculations sur ce segment se sont ainsi effondrées de 24,4 % en novembre 2024. Les constructeurs n'ont pas été aidés par la décision du gouvernement de réduire son bonus écologique pour l’acquisition de véhicules zéro émission, déficit publique oblige. D'autant que la prime à la conversion, versée aux ménages remplaçant leur voiture par un modèle moins polluant, est également supprimée en 2025. Mais Emmanuel Macron ne veut pas apparaître comme l'ennemi des automobilistes pour autant. Cette semaine, le président a répondu sur TikTok à un influenceur qui venait de se voir infliger une amende pour avoir payé au péage avec son téléphone portable : "On va collectivement régler ça […] Merci pour l'alerte", a-t-il déclaré. Pas sûr que cela suffise à enrayer la crise de l'automobile. Symbole de la crise de l'industrie automobile, la Fonderie de Bretagne (FDB), ancienne filiale du constructeur automobile Renault, a demandé mercredi 22 janvier, son placement en redressement judiciaire, avec 350 emplois menacés. L'entreprise avait bien entamé des négociations en juillet avec le fonds d’investissement allemand, Private Assets, pour envisager une reprise, mais la direction de FDB assure que Renault, resté principal client de la fonderie, a fait capoter l'accord. "Nous sommes une victime de Renault qui veut se débarrasser de ses fonderies en France", a déploré son directeur Jérôme Dupont à La Tribune. Plusieurs responsables syndicaux, dont la présidente de la CGT Sophie Binet et des députés, ont écrit début janvier à Emmanuel Macron pour réclamer l’intervention de l’État dans le dossier : "Nous refusons que la fermeture de la Fonderie de Bretagne devienne le symbole de la désindustrialisation du pays".Pourquoi le prix du gaz explose ? Comment expliquer la mauvaise santé économique du secteur automobile en France ? Et l'État doit-il venir en aide à Fonderie de Bretagne, menacée de fermeture ?Les experts :- Flavien NEUVY - Économiste, directeur de l’observatoire CETELEM- Pascale HEBEL - Directrice associée chez C-Ways, spécialiste de la consommation- Erwan BENEZET - Journaliste au service économie - Le Parisien - Aujourd’hui en France- Sharon WAJSBROT - Cheffe du service industrie, Les Échos 🎙️ Retrouvez C dans l'air en vidéo sur france·tv : https://www.france.tv/france-5/c-dans-l-air/